Le 19 février est la journée internationale de la baleine, une bonne occasion pour rappeler que ce mammifère marin bat de nombreux records et joue un rôle important dans la régulation des écosystèmes. Pourtant protégées par un moratoire adopté par la Commission Baleinière Internationale (CBI), les baleines sont encore ciblées par la pêche commerciale dans certains pays. Heureusement, certaines populations se portent mieux et une nouvelle espèce a même été récemment découverte.
Des mammifères marins aux nombreux records
Les baleines, mammifères marins de la famille des cétacés, battent de nombreux records du règne animal. Par exemple, la baleine bleue est le plus grand animal au monde, elle peut mesurer jusqu’à 30 mètres de long et peser plus de 170 tonnes. Les chants les plus longs et les plus complexes du règne animal sont l’œuvre des baleines bleues mâles.
Les cétacés sont les seuls mammifères qui ne viennent jamais sur terre. Il existe deux grandes familles :
- Les cétacés à dents (odontocètes) comme l’orque, le cachalot ou le grand dauphin
- Les cétacés à fanons (mysticètes) comme la baleine bleue ou le rorqual commun.
On dénombre 11 espèces de cétacés à fanons et 70 de cétacés à dents. Le terme baleine n’a pas de réel fondement scientifique, mais les « vraies » baleines sont le plus couramment définies comme étant les cétacés à fanons.
Quel est le rôle des baleines dans les écosystèmes marins ?
Les baleines jouent un rôle très important dans la régulation des écosystèmes océaniques car elles font circuler les nutriments dans les océans et elles contribueraient à atténuer le changement climatique. Tout au long de sa vie, une baleine accumule du dioxyde de carbone (CO2) dans son corps. À sa mort, en moyenne 33 tonnes de CO2 sont piégées et sombrent avec la carcasse au fond des mers. De plus, les excréments des baleines sont sources de nutriments pour les organismes phytoplanctoniques. Ces derniers sont très importants car ils absorbent environ 40 % du CO2 produit sur Terre et produisent 50 % de l’oxygène atmosphérique.
Les baleines sont-elles protégées ?
Les baleines sont pêchées depuis des siècles pour leur chair, leur graisse (qui fournissait de l’huile destinée à l’éclairage, lubrifiant pour les machines…), leur peau (pour en faire des sacs, des selles de vélo…), les fanons (utilisés pour les baleines de corset et de parapluie…) ou encore leurs tendons (cordage de raquette)… Leur chasse s’est intensifiée au cours du siècle dernier en Europe, en Amérique du Nord et au Japon.
Dans les années 1930 les estimations sont de 50 000 baleines capturées par an. Par exemple, près de 30 000 baleines bleues ont été capturées lors de la saison 1930-31. Cette surexploitation a menacé d’extinction plusieurs espèces. La baleine à bosse a perdu 90 % de ses effectifs et la baleine franche de Biscaye a été si proche de l’extinction que même à l’heure actuelle il n’existe plus que quelques centaines d’individus.
Face à l’effondrement des populations de baleines, la Commission Baleinière Internationale (CBI) a été créée en 1946 en vue de réguler leur chasse au niveau mondial. Les mesures prises n’ont pas été efficaces et il a fallu attendre 1986 pour qu’un moratoire entre en vigueur et interdise la chasse commerciale de ces cétacés. Seule la chasse à des fins de recherches scientifiques ou de subsistance par des peuples chassant traditionnellement la baleine pour des besoins nutritionnels est alors autorisée.
Quelles sont les pratiques de chasse à la baleine dans le monde malgré ce moratoire ?
Malgré ce moratoire:
- 3 pays continuent de pêcher les baleines dans un but commercial : le Japon, la Norvège et l’Islande.
- Le Japon continue de chasser des espèces protégées dans le Pacifique et en Antarctique pendant de longues années, sous couvert de recherches scientifiques. Il se retire de la CBI en 2019 et annonce qu’il reprend la chasse commerciale dans ses eaux, mais met un terme à la chasse à la baleine en Antarctique. La principale espèce visée est la baleine de Minke, aussi appelée « petit rorqual », pour sa viande. Le Japon a fixé son quota de pêche à 383 individus pour l’année 2021.
- En Norvège, les produits baleiniers sont peu consommés et principalement exportés au Japon. En 2020 le quota de baleines de Minke était de 1278.
- En Islande, seule une infime partie de la population consomme de la viande de baleine, qui est plutôt destinée aux touristes et présentée comme un mets traditionnel. En 2018, le quota de l’Islande était de 400 baleines.
Quel est l’état des populations de baleines ?
Selon l’UICN (union internationale pour la conservation de la nature) près du quart des espèces de cétacés sont considérés menacées, dont 9 espèces classées « en danger » ou « en danger critique d’extinction ». Par exemple, la baleine bleue est classée « en danger » et la baleine de Biscaye est « en danger critique d’extinction ». De plus, 44 espèces de cétacés sont classées dans la catégorie « données insuffisantes » ce qui pourrait aggraver la situation.
La chasse est loin d’être le seul danger pour les baleines. Leur principale alimentation, le krill (petit crustacé), est également surpêché, et les baleines ont de plus en plus de difficultés à se nourrir. Les pollutions chimiques, plastique, sonore, les collisions avec les bateaux, ainsi que les changements environnementaux provoqués par le dérèglement climatique sont autant de menaces qui fragilisent les cétacés. Aux Philippines en 2019, une baleine à bec de Cuvier a été retrouvée avec 40 kg de plastique dans l’estomac.
Heureusement, il y a aussi quelques bonnes nouvelles :
- Les populations de baleines à bosse et de baleines franches australes, se portent mieux grâce aux actions de gestion mises en place par la CBI et à la mobilisation d’acteurs engagés pour leur préservation.
- Face à la baisse de l’intérêt de la population pour la viande de baleine et à une chasse qui n’était plus rentable l’Islande a décidé de ne pas chasser de baleines en 2019 et en 2020. Cette décision pourrait aboutir à un arrêt définitif de cette activité dans les années à venir.
- En janvier 2019 un cétacé s’est échoué sur une plage de Floride. Après l’étude de sa génétique et de ses ossements, les scientifiques ont conclu en 2020 à la découverte d’une nouvelle espèce : le rorqual de Rice.